Les métiers dans la forêt du Rouvray

Dès la préhistoire il y a des sites dans la forêt du Rouvray qui sont occupés pour la taille de pierre : la Mare de Oissel (entre -200 000 et 40 000 av J.C) et la briquèterie de Oissel ( vers -150 000 ans av J.C).

Ensuite pendant la période Gauloise et Gallo-romaine les étendues cultivées ont une emprise maximale sur la forêt. Elle est très morcelée et très utilisée pour le bois . Des villas (anciennes fermes) sont présentes à plusieurs endroits  . Par exemple celle du Grésil (près des anciennes tribunes du circuit des Essarts) récemment fouillée a indiqué que c’était sûrement une fabrique de fromages. Lien vers la page dédiée: La villa du Grésil

 

Les relevés Lidar dans la forêt ont permis d’identifier les nombreuses parcelles de champs cultivés.

     Carte parcellaire foret du rouvrayr

Carte établie par J.SPIESSER

Des traces de forges ont aussi été trouvées dans l’oppidum d’ Orival. Voir la  page dédiée  Fouilles de l’oppidum d’Orival: Fouilles de l'oppidum d'Orival

 

D’après la découverte de moellon de craie dans les constructions antiques il est pratiquement certain que les carrières vers Orival étaient déjà exploitées à cette époque.

La forêt reprend ses droits vers le début du X° siècle.

Dès le XI° siècle le défrichement reprend. Une communauté religieuse inaugure une pratique de déboisement appelée essartage pour créer une paroisse et des terres cultivables qui lui permettaient de toucher une dîme. Les Essarts à Grand Couronne sont ainsi créés.

Cette pratique se généralise au 12° siècle avec l’augmentation de la population et la volonté du clergé de supprimer certains rites païens pratiqués encore en forêt.

Les métiers qui exploitent les ressources de la forêt à cette époque sont nombreux : Les bûcherons, les charbonniers, les cendriers (marchands de cendre utilisée en verrerie), les cercliers (fabriquants de ceintures en bois utilisés pour les tonneaux), briquetiers, tuiliers, potiers, vanniers, sabotiers….

Beaucoup d’entre eux vivent sur place dans des cabanes.

Il a été aussi fouillé un atelier de poterie datant de cette période en pleine forêt. Sa production a été retrouvée jusqu’en Angleterre. Voir la page: La poterie en forêt.

Au moyen âge la forêt du Rouvray est un domaine royal et la forêt de la Londe qui est ducale le rejoint au 13°siécle .

Borne royaler

Borne royale du côté de la Londe

 

Sous l’Ancien Régime (environ 1515 à 1789) des droits d’usage et donc des taxes sont instaurés pour l’exploitation de la forêt.

Il y  en a  pour l’utilisation du bois (marronage :bois d’œuvre, ramage : pour les palissades , affouage :  pour le bois mort), mais aussi pour le pacage ( faire paître les moutons) ou la glandée (ramassage des glands pour la farine ou pour faire paître des cochons (pasnage)).

(Le glandage ou glandouillage c’est autre chose mais j’aime aussi…) .

Les troupeaux de  chèvres sont interdites car elles mangent même les jeunes arbres.

Il existait  déjà depuis 1291 une Administration des Eaux et Forêts , mais l’exploitation de la forêt est tellement excessive que l’on crée un service de gestion du domaine forestier dés François 1° et renforcé par Colbert en 1669 qui est un peu l’ancêtre de l’ONF actuel.

 

Les habitats troglodytes de la Roche Foulon montrent que des gens généralement pauvres ont habités des cavités creusées par des carriers et ils vivaient grâce à l’industrie du drap de laine (foulon) ou de l’exploitation des carrières. Ils cultivaient aussi des jardins , des noyers pour la teinture, et il y a même eu des vignes avant la première guerre mondiale sur les coteaux protégés le long de la route d’Orival.

Pour plus de détails voir la page sur les troglodytes: Les Troglodytes.

 

D’autres pages sont dédiées aux carrières qui ont été creusées dans la falaise du méandre de la Seine : Les carrières de craie et Carrières au dessus d'Orival

 

LA BRIQUETTERIE

Au-dessus du lieu appelé la Vénerie , aménagement pour la chasse lors de séjour entre autre de « Jean sans terre » (frère de Richard Cœur de Lion plus connu) au château de la Roche Fouet ; il existe des restes d’une tuilerie briqueterie.

 GPS : LAT : 49,3218600/ LON : 1,0075489

Des ouvriers exploitaient des carrières d’argile encore visibles et ils cuisaient des briques et des tuiles dans des fours à double alandiers ( 2 foyers).

   Briqueterie 4r

 Restes de briques et tuiles  

Briqueterie1dr

 Four à deux alandiers

Ces deux fours semblent de construction identique.

Four dobignard r  P1010434r

Intérieur semblant identique des deux fours

Sur le  reste de la  porte de droite on peut encore lire une marque avec le nom DOBIGNARD et une autre avec l’adresse Rue de la Cité à Paris.

Une recherche sur internet m’a bien confirmé qu’un brevet d’invention de cinq ans a été  délivré le 13 Mars 1844 à Dobignard entrepreneur de fours à Paris 15 rue de la Cité.

Dobignard 1r  Rue de la cite parisr

Marque DOBIGNARD                                        Marque RUE DE LA CITE        PARIS

Par contre sur le four de gauche une autre plaque est partiellement déchiffrable .

On lit le nom NAUDIN et en dessous ENTREP’ DE FOURS mais le reste n’est pas bien lisible et je n’ai pas réussi pour l’instant à trouver d’autres informations complémentaires.

Naudin 1r

Marque NAUDIN

D’après la plaque et une visite organisée par un T Lepert (archéologue de la DRAC) ces fours auraient été exploités de la fin 19 ° au début du 20° siècle.

La forêt de la Londe Rouvray est en majorité gérée par l’ ONF pour la ressource du bois.

On peut espérer qu’avec le classement en forêt d’exception que des projets d’aménagement et de sauvegarde historique  soient envisagés pour le plaisir des promeneurs.

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

Focus forêts domaniales sur la métropole Rouen Normandie : La Forêt de la Londe-Rouvray

Les Normands agglo ballades.

L’Homme et les forêts rouennaises Collection histoire d’agglo N°29.

 

 

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