La Villa Caron

Le site gallo-romain de la villa du Val Caron (GPS : 49.29374N / 0.97538E) se trouve dans le quartier du Buquet à Elbeuf. Ce site est donc aussi parfois appelé la « villa du Buquet ». Ce sujet peut sembler sortir du cadre de ce site web concernant l’histoire en forêt la Londe Rouvray, mais ce sont les fouilles de sauvegarde en 1981 qui ont été entreprises avant la construction d’un nouveau lotissement en lisière de cette forêt qui ont permis cette découverte.

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Des campagnes de fouille ont été organisées de 1985 à 1992.

L’intérêt principal de ce site est que la ville d’Elbeuf a acquis le terrain dès 1983 et l’a ensuite aménagé pour le rendre accessible au public. Ce qui permet d’avoir une idée sur ce qu’était un habitat gallo-romain utilisé pour l’exploitation agraire (sorte d’ancienne ferme). Des panneaux explicatifs sur place résument les fouilles effectuées.

On sait que dès la préhistoire, des hommes sont passés ou ont habités les environs.

Sur le site on a retrouvé une monnaie du chef gaulois Suticos de la tribu des Véliocasses antérieure aux années 50 av. J.C.

On retrouve les traces d’une première habitation en colombages et torchis qui date du début du 1° siècle. Elle est détruite par un violent incendie à la fin du même siècle. Elle a été partiellement fouillée à la limite Ouest du chantier.

Une seconde villa avec des fondations en maçonnerie a été édifiée en partie au-dessus de la première peu de temps après sa destruction. Elle aussi sera détruite par un incendie dans la seconde moitié du II° siècle.

Elle est aussitôt reconstruite avec des murs en maçonnerie de silex noyés dans du mortier.

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Ce sont les structures de cette villa que l’on peut voir encore actuellement.

D’après les éléments retrouvés (en particulier de la monnaie), la construction de la deuxième villa daterait de la 2° moitié du II° siècle a.p J.C. Le toit de cette seconde villa s’est effondré à la suite d’un nouvel incendie à la fin du III° siècle.

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Reconstitution d’un toit en tuile gallo-romaine à la Fabrique du Savoir d’Elbeuf.

Il a été retrouvé au-dessus de cette couche de tuiles calcinées des traces d’occupation partielle de la villa allant jusqu’au milieu du IV° siècle.

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Des monnaies de Constantin et de Constance II (1° moitié du IV° siècle) et des poteries de type sigillée d’Argone ont permis cette dernière datation.

Après un énième incendie, il n’y a plus de trace d’occupation. La forêt reprend ses droits jusqu’à la redécouverte du site en 1981.

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La deuxième structure rebâtie est une villa à tourelles d’angle et galerie de façade assez répandue dans le Nord de la France.

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Les dimensions sont de 33.20 m sur 12.10 m dans la plus grande largeur.

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Les murs en silex sont agrémentés de moellons de calcaire dans les angles. Les murs épais parfois de 80 cm étaient recouverts, d’après les découvertes, d’enduit peint en bleu et blanc avec quelques traces rouges, sans motif particulier.

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Traces d’enduit de la villa Caron à la Fabrique du Savoir d’Elbeuf.

 

 

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Entre les tours d’angle T1 et T2 se trouvait une galerie ouverte vers l’extérieur (Galerie Ouest). Le toit de cette galerie était supporté par des colonnes dont la base reposait sur un muret de silex.

Une autre galerie (galerie Est) se trouvait à l’opposé et elle comportait des restes d’escalier pour accéder aux salles S.

L’habitat était composé de six pièces alignées (S à S5) de 6 m de largeur.

Dans la pièce S des traces de plusieurs foyers, dont un four culinaire, ont été découvertes. Cette pièce pouvait servir de cuisine ou d’atelier. Un des foyers servait à l’hypocauste (système de chauffage au sol antique) de la tour d’angle au Nord-Ouest (T1).

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Sur place est encore visible l’entrée qui permettait à l’air chaud de passer du foyer au système de double plancher.

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Reconstitution d’un système d’hypocauste à la Fabrique du Savoir d’Elbeuf.

 Des piliers de tuiles maçonnées, laissant passer l’air chaud, sont recouverts de tuiles formant un plancher chauffant.

Des traces d’hypocauste ont aussi été découvertes dans la salle T2. Elles étaient remblayées par des débris de torchis incendiés.

La salle S1 au centre et ouvrant vers l’extérieur servait sûrement de pièce commune.

Les salles S3 à S5, plus petites, servaient probablement de chambres. S4 étant un couloir avec un escalier donnant vers la galerie Est.

L’ensemble du bâtiment servait de lieu d’habitation et de travail pour l’exploitation agraire des alentours.

 

Lors des fouilles de nombreux objets ont été découverts. On peut en découvrir l’essentiel à la Fabrique des Savoirs d’Elbeuf. Je ne vais en évoquer qu’une toute petite partie ci-dessous.

Des poteries :

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Le vase blanc est un Dolium servant au stockage de denrée.

La céramique noire appelée la black burnished provient du sud de l’Angleterre. Ce qui démontre des échanges commerciaux dès cette époque.

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Une spatule de potier

Des objets de différentes matières :

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Une lance en fer et des charniéres et décors de coffre en os.

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Et même un écheveau de fil de laiton (59) et de la tôle de bronze doré enroulée (60). Cette matière brute servait certainement pour réparer certains objets.

Des objets servant à la toilette :

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Un rasoir, un strigile (sorte de racloir utilisé un peu comme gant sur la peau) et une cuillère à fard.

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Parmi les plus belles pièces est exposé un contrepoids d’une balance d’environ 10 cm de hauteur daté du 3° siècle.

Une rouelle a aussi été retrouvée. Cet objet servait a priori d’ex-voto.

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 Il est surtout exposé un très beau collier en or dont la médaille est une monnaie romaine à l’effigie de l’impératrice Sabine datant de 117 à 138 a.p J.C. Cette monnaie a été montée bien plus tard sur une chaîne en or du 3° siècle. On peut imaginer que la pièce avait une valeur économique et sentimentale et qu’elle a été transmise sur plusieurs générations et a été utilisée en collier pour poursuivre le souvenir…

Mais sans preuve ce n’est plus de l’histoire avec un H mais de l’histoire romanesque….

 

BIBLIOGRAPHIE :

  • Les panneaux explicatifs très bien faits sur le site.
  • La Fabrique des Savoirs à Elbeuf.
  • Varoqueaux Claude. Circonscription de Haute-Normandie. In: Gallia, tome 40, fascicule 2, 1982. pp. 293-306.

http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1982_num_40_2_1870

  • Verlut Romain. La Villa du Val Caron. In: Annales de Normandie, 34ᵉ année, n°1, 1984. pp. 105-112.

http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1984_num_34_1_6384

  • BSHE N°2 pages 22 et 23

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