Les carrières de craie

 

Comme déjà évoqué dans d’autres pages la craie était déjà exploitée à l’époque Gallo-romaine le long des falaises d’Orival et de Oissel.

Rien que entre le hameau de la Roche Foulon à Orival et la Roche du Pignon à Oissel on dénombre environ 24 cavités non naturelles . D’autres se trouvent entre Elbeuf et Orival (voir lien: Carrières au dessus d'Orival), d’autres plus vers la Londe et d’autres ont été creusées dans les propriétés au pied de la route des Roches. Certaines de ces dernières ont servi à des marchands de vin pour stocker leur marchandise qu’ils faisaient passer de Grand Couronne à Orival sans passer par Rouen évitant ainsi des taxes…

 

Ci-dessous la chronologie de l’exploitation des carrières tiré du  livre  Patrimoine souterrain et géologique de la région d’Elbeuf (Seine normande). Spéléo-Drack, 23 très complet sur ce sujet.

 

 

La première exploitation a d’abord été à ciel ouvert depuis le bas (étape 1).

Ensuite les carriers ont atteint la craie de meilleure qualité ( représentée par la bande jaune horizontale), elle se trouve vers 70 m de haut. Cela a formé une sorte de plateau horizontal qui forme actuellement des sortes de pelouses. Elles permettaient de sortir les blocs extraits et de les descendre vers la route ou en bord de Seine par des chemins sûrement aménagés appelés « roule » (étape 2).

La progression souterraine a commencé pour n’exploiter que la veine de craie intéressante en faisant attention au risque d’éboulement du niveau supérieur. Des piliers de soutènement ont ainsi parfois été laissés.

 

 

                                                     

L’outil principal des carriers était le pic.  Un exemplaire a été retrouvé au hameau de la Roche Foulon (collection J.C Staigre).

Ils pouvaient aussi utiliser la lance quand la hauteur de voute était suffisante.

 

Dessin tiré du Web montrant l’utilisation de la lance (personnage au sol)

On peut encore voir sur certaines cavités des traces laissées par les outils .

     

Traces de pics

Même si les dimensions des carrières ne sont pas comparables à celles des carrières de Caumont, leur conduit peut atteindre plus d’une centaine de mètres  comme la grande carrière du Roule Caron à Oissel.

     

 

  Les carriers exploitaient les blocs de craie sur parfois trois étages entre les veines de silex.

  

 Carriére du Roule Hibert

                                                                                 

Photo tirée du Web. Les conditions de travail étaient acrobatiques

Il y a encore des traces d’exploitation dans certaines carrières comme si ce travail plus que pénible s’était arrêté hier.

 

Carrière N°1 du Roule Periga extraction en dents de scie

Ci-dessus un exemple d’extraction en « dents de scie » les blocs sont extraits avec un angle de 45° par rapport au flanc de la paroi.

 

  Traces de défermage de gros blocs

  Photo prise aux caves des Roches à Bourré

Pour extraire de plus gros bloc une technique de défermage consistait à dégager le pourtour du bloc et de détacher le bloc de la paroi avec des coins en bois parfois trempés.

Certains de ces blocs encore visibles pesaient plus d’une tonne.

Ils étaient sûrement descendus vers la route ou vers la Seine par des sortes de vallons (thalwegs) creusés dans la falaise par d'anciens cours d'eau .Ils sont appelés localement « roules » . Le terme « roule » est aussi utilisé chez les carriers pour définir des billes de bois installées sous les blocs de pierre pour les faire bouger…On peut donc imaginer que les carriers faisaient rouler les blocs dans ces couloirs . Vu les pentes, ils étaient certainement maintenus par des treuils. Mais n’ayant pas encore trouvé d’archives sur l’exploitation de ces carrières les techniques évoquées sont des hypothèses tirées de techniques déjà utilisées dans le métier de carrier.

   

 

 

    

Carte postale ancienne de la Roche du Pignon

D’après certaines sources, la forme de la  Roche du pignon promontoire connu le long de la route des Roches viendrait en parti du travail des carriers qui auraient exploité la craie autour de ce site. On y retrouve encore certaines traces de leur travail.

Vu les volumes extraits sur les falaises entre Orival et Oissel, ce métier de forçats devait pourtant occuper des dizaines voire des centaines d’hommes qui généralement ne vivaient pas vieux . Le métier très physique était rendu encore plus pénible par la poussière .

 

BIBLIOGRAPHIE :

Staigre J.-CL.,Audam J.-L.,Sayaret D. (2019). Patrimoine souterrain et géologique de la région d’Elbeuf (Seine normande). Spéléo-Drack, 23, 376 p.

Anciens Outils (pierres-info.fr)

Outils de la pierre exploitation carrière souterraine haveuse chaine (morkitu.org)

Cette page est dédiée à Stéphane  qui nous a quitté trop tôt…..