Le hameau des Essarts
Au XI °siècle, des communautés religieuses commencent un grand défrichement dans la forêt au Sud Est de Grand Couronne. Cette pratique qui se généralise au XII° siècle s’appelle l’essartage de bois. Cela permet de rogner sur les surfaces boisées pour y installer des terres cultivables, voire de nouvelles paroisses et ainsi y percevoir une dîme. Cela permettait aussi de détruire ou d’évangéliser certains lieux de culte païen.
On retrouve ainsi des traces dans les écrits des noms « Petit Essart » et « Grand Essart » au XIII° et XIV siècles.
Ces hameaux sont sur le domaine royale de la forêt du Rouvray. Quelques masures s’y sont implantées et sont rattachées à la commune de Petit Couronne.
Un vestige de borne avec fleur de lys délimitant le domaine royal est encore visible proche du site des Petits Essarts. (GPS : 49.33777, 1.05561).

En 1657, le roi Louis XIV vend une centaine d’hectares au sieur Antoine de Gomont (ou Degaumont suivant les textes) qui défriche les bois pour y fonder un grand domaine agricole sur le hameau du Petit Essart.

Le domaine est composé d’un grand logis, de bâtiments agricoles : grange, écuries..et d’une chapelle de 1664 dédiée à St Antoine de Padoue qui est aussi le nom du domaine.

L’ensemble assez isolé et proche de la forêt est entouré par un mur d’enceinte avec des tours.

La ferme Sason ou Samson est aussi rattachée au domaine. A la mort de Degaumont, en janvier 1704, c’est le sieur Ledanoys de Tourville qui devient propriétaire. Au début des années 1800, les hameaux se peuplent de plus en plus de familles paysannes qui acquièrent des concessions. En 1811, les hameaux comptent environ deux cents familles.
En 1839, l’héritier Jules Ledanoys intente un procès contre la ville de Petit Couronne qui se serait approprié des chemins appartenant au domaine, mais qui sont fréquentés par les habitants depuis des temps immémoriaux. Les Essartais demandent leur rattachement à la commune de Grand Couronne, qui elle, ne souhaite pas récupérer ces hameaux considérés comme rustres et assez pauvres. Une ordonnance royale de Louis Philippe de juillet 1844 clos définitivement le conflit en imposant le rattachement des hameaux des essarts à la commune de Grand Couronne.

La rectification manuelle du cadastre de l’époque en témoigne.
La nouvelle intégration est difficile au départ. Mais certains propriétaires du Grand Essart font des dons et une église et deux écoles sont construites.
Pendant la guerre de 1870-1871, les prussiens (futurs allemands) utilisent le domaine comme camp de base. Ils aménagent l’enceinte de meurtrières.

Ils lanceront leur attaque définitive et récupéreront le château Robert le diable les premiers jours de janvier 1871. (lien: La guerre de 1870-1871).
A la fin de ce conflit, un ancien combattant, le général Blanchard acquière le domaine pour en faire une maison de campagne.
A sa mort, la propriété est achetée par Alfred Pimont.

Le château du XVII° est démoli pour créer un bâtiment plus moderne et confortable.

La flèche de la chapelle est transformée par le célèbre ferronnier rouennais Ferdinand Marrou en 1885.
Début 1900, de belles villas qui accueillent des notables des environs commencent à se construire, surtout au Grand Essart.
Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, l’activité principale des deux hameaux reste agricole.
A partir des années 1920, le domaine St Antoine devient propriété de l’archevêché de Rouen. La chapelle consacrée sur le terrain facilite les activités religieuses. Pendant quatre ans le lieu devient un lieu de formation pour de futurs prêtres. Puis, après la guerre, les vastes bâtiments permettent d’accueillir des rassemblements de croyants pendant des week-ends ou des séminaires.
Depuis les années 1990 une communauté religieuse a investi les lieux.
Dans les années 1970, l’aménagement de l’autoroute A13 va couper une partie du domaine.

Domaine St Antoine vers 1950

Domaine en 2024
Et c’est ainsi que l’on retrouve l’ancienne grille d’entrée du domaine de l’autre côté de l’autoroute au niveau de la clinique des Essarts. L’ancien mur d’enceinte au Nord a été détruit.

De nombreux terrains du domaine St Antoine ont été vendus et un quartier résidentiel s’y est construit.
Plusieurs fouilles archéologiques ont été faites sur les hameaux du Petit et Grand Essart :
- En 1903, Léon de Vesly trouve les restes de 3 habitations de l’époque gallo-romaine.
A la même époque un Fanum est découvert sur ce plateau

Voici le lien pour la page dédié à ce sujet (lien : Les temples gallo-romains).
- Au Petit Essart, des silex taillés de l’époque néolithique ont été trouvés vers 1975.

- En 2012, L’INRAP a fouillé dans le quartier du clos Samson avant l’aménagement d’un nouveau lotissement. Ils ont retrouvé les traces de la voie antique qui relie Rouen à Elbeuf (voir lien: Les voies romaines) et des enclos funéraires de l’âge du bronze. (Vers 1300 av J.C) (voir lien:La période préhistorique).


Les Essarts ont donné aussi leur nom à un circuit automobile qui a été tracé dans la forêt au niveau de ce hameau (voir le lien pour plus d’informations sur ce sujet: Le circuit de Rouen les Essart).
BIBLIOGRAPHIE :
Collection histoire d’agglo N°29 : l’homme et les forêts rouennaises P14.
Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques de 1904 page 67 et 68
Bilan 2012 DRAC HAUTE NORMANDIE. BSR HN 2012 couleur WEB.pdf
LES ESSARTS : Publié le 4 octobre 2019 par la societe-histoire-grand-couronne.over-blog.fr LES ESSARTS - Société d'Histoire de Grand-Couronne - 76530
Patrimoine - Ville de Grand-Couronne.
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