La période préhistorique:
Il existe dans la forêt la Londe Rouvray plusieurs sites qui ont été fouillés et qui ont fait apparaître des vestiges préhistoriques.
LA GROTTE ORNEE DU CATELIER :
Une grotte ornée est un site rare dans le Nord de la France.
Elle se situe sur les falaises au niveau du lieu-dit le Catelier à Orival. Je ne donne pas ses coordonnées GPS pour des raisons de protection du site.
Elle a d’abord été explorée par un garde champêtre vers 1880. A cette époque elle s’appelait le Trou Malin…Ces trous avaient souvent un lien avec les profondeurs de l’enfer dans l’imagination populaire.
L’entrée de la grotte condamnée par une porte
Des spéléologues locaux la redécouvrent en 1976 et la nomment la grotte du Renard. C’est eux qui alertent la Direction des Antiquités Préhistoriques, car ils y ont vu des traces rougeâtres.
Topographie spéléologique
La salle 1 (laminoir d'entrée, L = 5 m), comprend des gravures, dont l'ensemble gravé a,
Le passage renferme des signes rouges (b), ainsi que des gravures.
La salle 2 contient des signes rouges (c) et également des gravures.
Les peintures rouges ont tout de suite été datées du Paléolithique supérieur (10 à 12000 ans avant notre ère).
Par contre il a fallu attendre 2001 pour que les gravures soient authentifiées par Y. Martin et Y. Coppens, célèbre préhistorien.
Gravures en a (avec la présence de symboles féminins) .
D’après leurs études, des représentations symboliques féminines sont imbriquées dans ces lignes gravées. Il faut être spécialiste…
Elle a été fermée par une porte métallique pour sa protection.
Près de la grotte ont été trouvées des restes d'une céramique à incinération datant de l' Age de Bronze.
Il n’y a rien d’étonnant à trouver une grotte ornée le long des falaises surplombant la Seine. A Gouy , à quelques kilomètres au Nord, se trouvent des grottes ornées dont la plus célèbre est la grotte du Cheval .
Grotte de Gouy
Elle est plus petite que celle d’ Orival mais les ornementations y sont plus nombreuses et plus explicites comme le montre le célèbre cheval de la troisième salle.
Gravure du cheval de Gouy de la 3° salle
Le site d’Orival surplombe les berges de la Seine où des fouilles archéologiques ont permis de trouver entre autres des restes humains préhistoriques à Tourville la rivière (la Fosse Marmitaine). Les os d’un bras ont été datés d’environ 200 000 ans. La présence humaine dans le secteur ne date pas d’hier…..
LA MARE DE OISSEL :
La mare de Oissel est un autre site de vestiges préhistoriques.
Elle se situe légèrement au Nord du Quartier Faidherbe près du chemin qui mène à la passerelle de Oissel . GPS : 49.359218N/1.0662226 E
Le site a été fouillé en 1991 et 1992 suite à un aménagement de cette mare.
Plus de 5500 silex taillés ont été recueillis dont 782 ont été reconnus comme des outils. Ce qui en fait un site important pour la Normandie.
Toute la collection d’objets d’un atelier de taille de silex a été retrouvée :
Exemple de percuteur et de nucléus trouvés sur le site.
Des nucleus : Ce sont les silex qui servent de matière première. C’est de ces blocs que l’on extrait les lames qui serviront d’outils. 323 ont été reconnus.
Des percuteurs : C’est l’outil qui permet de taper sur le nucleus. Au nombre de 7, ils sont surtout en grés blancs .
Les lames : Ce sont les éclats résultants du travail de frappe sur le nucléus. Il a été retrouvé 5160 éclats. Les outils souvent tirés des lames sont en proportion sur le site de : 1 outil pour 73 lames trouvées. Certaines de ces lames sont ainsi retravaillées en fonction de l’outil souhaité.
Des racloirs, des grattoirs et des pointes sont les outils les plus représentés sur le site.
Exemple de pointes taillées trouvées sur le site.
Les fouilles ont aussi mis au jour quelques burins, perçoirs, et couteaux.
La technique de taille est déjà très évoluée. On l’attribue à un artisan tailleur spécialisé qui travaille directement sur le lieu d’extraction des silex appropriés.
Les archéologues ont reconnu que la technique de taille est de type Levallois et le débitage en lame a été prouvé par la présence de nucléus à découpage prismatique semi tournant . Tout cela est affaire de spécialistes . Mais c’est surtout la reconnaissance de ces techniques qui permet de dater cet atelier de taille de silex. Leur hypothèse est que le site date du Paléolithique moyen récent ; au début du Weichsélien. Pour faire plus simple c’est donc très approximativement vers 110 000 ans avant notre ère.
Il est fort probable que le site de la mare de Oissel est une relation avec un autre site distant de 3 kms à la lisière de la forêt près du rondpoint « aux colonnes » à Oissel.
Il s’agit de l’ancienne carrière Ruquier plus connu sous le nom de la briqueterie.
La briqueterie à Oissel
Ce site a été fouillé en 1954 et aussi entre 1977 et 1980. D’après les 550 silex retrouvés les dates d’occupation seraient les mêmes que la Mare de Oissel. Mais il servait plus d’habitat que d’atelier de taille de silex. Sa position offrant un panorama sur les berges de la Seine était un atout pour la surveillance des passages de gibier.
LA PIERRE D’ETAT : (ou plutôt les Pierres d’Etat)
Il n’y a pas qu’en Bretagne qu’il existe des menhirs. Nous en avons des spécimens en lisière de forêt avant l’entrée de Petit Couronne.
GPS : 49,38475N / 1,04122 E.
Le plus connu que l’on appelle la Pierre d’Etat avait dans les légendes populaires le nom de Pierre aux fées.
La Pierre d’Etat
Il a repris le nom de Pierre d’Etat car un autre menhir tout proche portant ce nom et pesant 13 tonnes a été déplacé au cimetière monumental de Rouen en 1838 pour décorer la tombe de « l’antiquaire » (ancien nom des archéologues) Hyacinthe Langlois.
Tombe de Hyacinthe Langlois
D’autres pierres de même structure existent aux alentours dont la Pierre du Temps.
Ces monolithes semblent provenir d’une très ancienne carrière nommée le Milthuit dont il reste quelques vestiges derrière les stockages d’hydrocarbures de Grand Couronne.
Ces pierres auraient été exploitées et déplacées pendant la période néolithique qui dans notre région se situe environ entre -5000 et -2100 avant notre ère.
LE CLOS SAMSON :
Même si le site se trouve en pleine zone pavillonnaire et qu’il appartient plus officiellement à l’ histoire que la préhistoire (l’histoire débute avec la découverte de l’écriture vers 3000 av J.C). On est géographiquement et historiquement proche.
En 2012 l’INRAP fouille une zone aux Essarts avant la construction d’une nouvelle zone pavillonnaire. GPS : 49,3365248 N / 1,0226245 E
Les fouilleurs trouvent 3 enclos circulaires dont le mieux conservé avait environ 12 m de diamètre.
Ce type d’enclos funéraire est déjà bien connu dans le Nord de la France , mais assez rare en Seine Maritime.
Pendant les fouilles, les archéologues ont trouvé quelques restes d’os humains , un vase, et une dizaine d’outils en silex.
Ces enclos étaient des tombes. Ainsi le vase et les outils ont pu servir pour un repas funéraire ou d’offrandes pour le passage vers l’au-delà.
Avec ces découvertes, le site a pu être daté entre l’âge du bronze moyen et l’âge du bronze final. En plus clair approximativement vers 1300 av J.C.
Les archéologues de L’INRAP ont restitué après leur fouille un exemple de ces tombes qui se trouve actuellement dans un espace vert en plein milieu du nouveau lotissement .
BIBLIOGRAPHIE :
Authentification d'une composition graphique paléolithique sur la voûte de la grotte d'Orival (Seine-Maritime) Yves martin et Yves Coppens.
Rapports d’opération archéologique de Célia Basset 2014 page 14
Gallia préhistoire année 1979 p514 à 518
Staigre J.-CL.-dir. (2019) Patrimoine souterrain et géologique de la région d’Elbeuf . Spéléo-Drack, N° 23.
L’art préhistorique de Gouy . M.J. Graindor, Yves Martin.
Site de l’INRAP : Site archéologique : La Fosse Marmitaine à Tourville-la-Rivi... | Inrap
Cyrille Billard, « Oissel », ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne],Haute-Normandie, mis en ligne le 01 mars 2004, consulté le 24 novembre 2015. URL : http://adlfi.revues.org/12332
Watté Jean-Pierre, Da Silva François, Lebret Patrick, Lemasle Guy, Blancquaert Gertrude. Un gisement moustérien typique, à fort débitage Levallois et faciès laminaire en Haute-Normandie : La Mare d'Oissel, à Oissel (Seine-Maritime). In: Revue archéologique de l'ouest, tome 16, 1999. pp. 5-38;
doi : 10.3406/rao.1999.1086
http://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1999_num_16_1_1086
Bilan 2012 DRAC HAUTE NORMANDIE.
Seine Inférieure historique et archéologique de l’abbé Cochet page 155.
Abbé Bunel et Tougard : Géographie de la Seine inférieure arrondissement de Rouen.
Bulletin de la Commission des antiquités de la Seine Maritime 1891 Page 75-76 :
Bulletin de la société normandes d’études préhistoriques 1903 : La forêt de Rouvray archéologique page 133.
L’homme et les forêts rouennaises, collection histoire d’agglo n°29
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